Histoire de l’art – option toxicologie

La Fondation Napoléon est un vivier de talents divers et extrêmement féconds. On y publie (je ne dis pas : écrit) à un rythme soutenu, on y « conférence », on y « YouTube » à tout va. C’est à donner le tournis. Oublions pour une fois les « célébrités » (à des titres fort divers d’ailleurs) dont la plus connue est évidemment son directeur, Thierry Lentz, qui, en 2000, quitta le poste de directeur des Relations extérieures d’une filiale de Bouygues, et hop ! se retrouva parachuté « direct » dans le fauteuil de directeur de la… Fondation Napoléon. Du bâtiment à l’histoire du Premier Empire, on ne pouvait évidemment faire meilleur choix. Il s’imposait de facto.

VINGT-CINQ ANNÉES DE DÉVOUEMENT

Intéressons-nous à l’échelon du dessous.
Il est en effet d’autres talents, tout aussi agités, mais plus discrets, qui ne demandent qu’à prendre leur envol vers le mont Olympe de la napoléonie.
Prenez l’exemple de M. David Chanteranne, historien de l’art, qui affiche ‑ ce n’est pas rien ‑ vingt-cinq années d’histoire napoléonienne au compteur, comptage établi par lui même dans l’une de ces mini conférences vidéo.
Pour parvenir à ce sommet, rien ne le rebute. Il n’a peur de rien, pas même d’un ridicule certain, c’est dire combien l’ambition le chatouille !
Ainsi, lui, l’historien de l’art, n’hésite pas à se faire toxicologue ‑ rien que ça ‑ pour faire part de son avis, forcément définitif, sur la question de l’empoisonnement de Napoléon, cette douloureuse épine dans les pieds (si j’ose écrire) des dictateurs malfaisants de la napoléonie officielle.

Quel est son verdict ?

Eh bien, non ! Napoléon n’a pas été empoisonné, car, voyez-vous, l’arsenic, il y en avait partout à Longwood, dans les papiers peints, notamment, et cet arsenic choisissait soigneusement ses victimes. Et pour étayer son propos, il nous explique d’un petit air satisfait que des tests ont d’ailleurs été effectués.

Et alors ? 

Reprenant les éléments de langage du « Maître » Jean Tulard ‑ flatter les autorités établies, c’est prendre une assurance sur le futur ‑ notre toxicologue de circonstance admet que l’on a, certes, retrouvé des traces du poison sur les cheveux impériaux, mais que les taux relevés sont ‑ et ça c’est incroyable ! ‑ les mêmes que sur (toujours sur) les cheveux des proches de l’illustre déporté.

UNE THÉORIE « LOUFOQUE »

Conclusion : cette affaire n’est pas de l’histoire, pas même une histoire, mais une légende, une théorie « loufoque », selon le mot inoubliable d’un journaliste du magazine « Le Point », nommé, si ma mémoire ne me fait pas défaut, François Malye.
En résumé, du « vent », comme l’a déclaré notre ami directeur dans ce langage fleuri qui n’est pas son moindre charme.
Il serait évidemment cruel de mettre la bonne foi de M. Chanteranne à l’épreuve en le priant d’aller jeter un coup d’œil sur les images de l’intérieur des cheveux de Napoléon, réalisées par imagerie NanoSIMS 50 (1), et que l’on peut voir sur le site de la Société Napoléonienne Internationale de Montréal.
Il peut même y aller sans crainte, ça ne tache pas !

Le Nanosims 50 (C) CRP Gabriel Lippmann

PRUDENCE : BIENTÔT LA FIESTA

On reste « clean », même si certaines convictions peuvent s’en trouver gravement chamboulées. Mais il y a un antidote : il suffit de ne pas révéler cette incursion iconoclaste, et de fustiger ce que l’on aura découvert.
Simple vœu pieux, car, fût-il convaincu, notre historien de l’art ne le reconnaîtra jamais.
En effet, alors que se profilent les fastueuses festivités organisées pour marquer le bicentenaire du décès de l’Empereur, il importe de ne pas indisposer les « hautes instances » de la FN, les « décideurs ».
Comme notre ami affirme que des traces similaires de poison ont été relevés sur (toujours sur) les cheveux des compagnons de Napoléon, nous le prions de nous indiquer où nous pourrions voir des images de l’intérieur de leurs cheveux.
M. Chanteranne est si affirmatif, si sûr de soi, dans sa démonstration qu’il ne devrait guère lui être difficile d’accéder à cette juste requête.
Attendons la révélation.

UN MOT BIZARRE : COURAGE

Il arrive parfois que le même met un « like » (quel langage !) à un texte du « Carré Impérial » via Facebook, mais comme ce texte est évidemment peu en accord avec la morne norme édictée par la junte de la rue Geoffroy-Saint-Hilaire, il ne tarde pas à se rétracter piteusement, et le « like » disparaît illico. Effet comique garanti.
Ni téméraire, ni même simplement courageux, peut-être pourrions-nous avancer que l’historien de l’art toxicologue est juste « un peu » opportuniste, c’est-à-dire qu’il possède exactement la « qualité » (sic) requise pour aller loin dans les arcanes tortueux de la napoléonie sous la coupe de la Fondation.

EN « PLANQUE » SOUS LE LIT ?

Ses petites vidéos sont cependant pleines de révélations, et il en est qui ne manquent pas d’une certaine originalité. On se demande bien pourquoi elles attirent-elles si peu de visiteurs.

Deux exemples concrets de cette originalité.

Pour commencer, l’un mâtiné d’un zeste de médias people. On apprend ainsi dans cette vidéo que Louis Bonaparte n’est pas le fils de son père.

Ah ! Vous en êtes certain ?

Oui, il en est certain, et voici pourquoi.
C’est succinct, mais évidemment imparable et lumineux comme tout ce qui est énoncé par les collaborateurs de la « vénérable » institution.

En ce temps-là… Il y avait en Corse un personnage fort important qui se nommait Marbeuf. Le comte de Marbeuf.
Représentant du roi de Louis XV sur l’île, il gravitait assidûment autour de la famille Bonaparte, et notamment de la mère de Napoléon, (Maria) Letizia. Un jour, raconte notre conférencier numérique, Carlo Maria (ça fait plus chic et couleur locale que Charles-Marie), le père du futur empereur, s’absenta pour quelques semaines sur le Continent, et comme « Letizia était une très jolie femme, peut-être la plus belle de l’île, il est arrivé ce qui est arrivé, et le petit Louis qui va naître, à ce moment-là, n’est pas le fils de Carlo-Maria, mais bien celui du comte de Marbeuf » !

CQFD !

Convaincant, renversant.

Les mots font défaut pour définir cette imparable démonstration !
Comme nombre de ses homologues de la Fondation experts en coucheries qui aiment à fureter dans les chambres à coucher, M. Chanteranne devait être « en planque » sous le lit !

Plus sérieusement, ce sont ces mêmes gens ‑ celui-ci, entre autres, qui se targue de ses 25 ans au service (sic) de Napoléon ‑ qui osent ricaner grossièrement, et avec une morgue imbécile de la thèse de l’empoisonnement, alors qu’ils sont ignares en la matière, et qu’ils « cachent sous le tapis » les résultats d’analyses scientifiques auxquelles ils ne comprennent rien.

Et si le grand public découvrait la supercherie !

La différence est qu’ils se sont, eux, arrogés le droit de débiter leurs c…es (pour rester relativement courtois) sans modération et en toute impunité !

Il faut quand même lui reconnaître une qualité, à la « dream team » de Geoffroy-Saint-Hilaire : elle est rudement « habile » dans le domaine de la manipulation.

DÉTESTABLE DICTATURE

En fait, interdire d’expression tous ceux qui pourraient faire entendre une voix discordante n’est que prudence élémentaire. Sinon, tous ces petits tricheurs seraient ridiculisés, confondus, laminés, et ce serait la fin de l’arnaque historique montée de toutes pièces pendant des années par ces dissimulateurs sous influence.

Suffisance, mépris, arrogance, mauvaise foi, désinformation flagrante, malhonnêteté intellectuelle !
Cette Fondation Napoléon, née des millions de Martial Lapeyre, est devenue une détestable dictature, et une officine de bourrage de crânes. Et pire, à l’occasion, de démolition sournoise de la personne même de Napoléon. Nous l’évoquons longuement sur ce blog antidote.
Il est loin le bon temps du « Souvenir Napoléonien », ancienne formule, avec ses petits moyens et ses « purs », des vrais, comme le colonel Ramé, avec lequel on pouvait ferrailler en gentlemen.

Le fric Lapeyre n’avait pas encore pourri l’institution, modeste mais de haute valeur morale et historique. Nous sommes entrés aujourd’hui dans l’ère des affabulateurs, des faiseurs, des menteurs, des diffamateurs. Et c’est la personne même de Napoléon qui « trinque ».

Sordide !

Seul le silence imposé ‑ et avec quelle efficacité ! ‑ aux dissidents leur permet de perpétuer leurs crapuleries.

RÉVÉLATIONS SUR LA DÉPORTATION DE NAPOLÉON

Grâce à l’une de ces petites et discrètes vidéos du toxicologue d’occasion, on découvre également un fait resté jusqu’ici inconnu sur l’histoire de la déportation de Napoléon, qui éclaire d’une lumière nouvelle les conditions de détention du souverain (certains aiment écrire : « souverain déchu », ce qui a une petite connotation insultante, qui, à ce titre, ne doit pas être négligée).

On nous le rabâche sans cesse : à Sainte-Hélène, l’Empereur a livré sa dernière bataille, celle que nos exégètes patentés considèrent comme la plus importante, puisqu’il s’agit de la bataille de la… légende. Ah, la légende !
En d’autres termes, et pour piocher dans la pensée même de notre Maître à tous, Jean Tulard, derrière ce mot se cache le processus d’élaboration du « chef d’œuvre de propagande » ‑ entendez le « Mémorial de Sainte-Hélène ‑ avec, dans le rôle du scribe enjoliveur, on pourrait écrire aussi du grouillot de service, Emmanuel de Las Cases.
M. Chanteranne ne dit rien d’autre dans l’une de ses petites péroraisons.

Rappelons d’abord la définition du mot légende (Dictionnaire « Le Robert) :
« Représentation (de faits ou de personnages réels) accréditée dans l’opinion, mais déformée ou amplifiée par l’imagination, la partialité ».

Nous y sommes en plein.

Demandons-lui alors ce qu’il fallait à Napoléon pour gagner cette fameuse bataille de la légende ?
Hyper simple, comme on peut le présumer :
Il suffisait de démontrer que « les Anglais sont de méchants soldats » ‑ on dirait qu’il s’adresse à des élèves de primaire ‑ qui « n’en veulent qu’à son pouvoir », et, surtout, « qui vont l’humilier ».

ROUBLARD, LE NAPOLÉON

C’est là que qu’intervient la lumineuse stratégie suivante (on n’a pas remporté pour rien la bataille d’Austerlitz).
Napoléon se dit : vilipendons l’adversaire, et montrons que le traitement qu’ils me font subir est à la fois humiliant et inhumain.
Dans cette optique, le taudis humide et venteux de Longwood est l’outil ad hoc.
Roublard et sournois, le Napoléon !
Mais, attention, les Anglais ne sont pas ceux que vous pensez ! Sous une écorce rude, quoique très policée, ils cachent (bien) un cœur généreux.

Soucieux de ne pas laisser leur auguste prisonnier ferrailler avec les rats qui infestent Longwood, cette « prison de nuages, un cachot aérien (2)», de ne pas le laisser étouffer dans la fumée crachée par les cheminées qui se goinfrent de stères d’un bois humide à démoraliser un scout endurci, les Anglais prennent une incroyable mesure.

Écoutons :

« Ils proposent à Napoléon non plus de rester à Longwood, un endroit balayé par les vents avec énormément d’humidité, mais de s’installer dans une autre maison qu’ils ont fait spécialement fabriquer [sic].
Notez que l’on ne construit pas, que l’on ne bâtit pas une maison : on la « fabrique ».

Et alors ?

Le goujat refuse :

« Si jamais je suis un personnage dans un grand palais, plus personne ne croira à mon terrible destin. »
Le « grand palais » de Sainte-Hélène !

On connaît la suite, l’orateur ne manquant pas de nous servir ce lieu commun usé jusqu’à la trame sur la fameuse « couronne d’épines » que s’offre Napoléon pour parfaire son image de martyr.

Décidément, selon une formule bien connue, à la Fondation, « on ose tout ».

Je crois tout de même indispensable de souligner que ces lamentables complaisances sont d’autant plus regrettables qu’il prend la peine de tordre le cou à certaines vilenies bien connues.
Il prend ainsi soin de rappeler que Napoléon n’était pas le nabot ridicule dont les Anglais se sont toujours complu à « populariser » l’image, réussissant même à l’imposer aux Français, en expliquant que cette impression de petite taille tenait au fait qu’il apparaissait toujours entouré de ses géants magnifiques de la Garde Impériale.

De même prend-il soin de préciser que l’Empereur a été entraîné dans des guerres dont il ne voulait pas. Je ne me rappelle cependant pas s’il pousse le souci de la vérité jusqu’à préciser que les emblématiques guerres napoléoniennes ne sont que des guerres de coalition financées par le gouvernement anglais.

Néanmoins, nous devons le remercier pour les mises au point mentionnées plus haut, tout en déplorant qu’il se sente tenu de « hurler avec les loups ».

C’EST LA LUTTE FINALE

On sent bien que 2021 approchant, il importe de redorer le blason que l’Angleterre a définitivement terni en 1815 par sa forfaiture à l’honneur. Dans le rôle des « petites mains » de service, le staff de la Fondation au complet.
Cette fois, c’est la « lutte finale ».

Il va falloir montrer et démontrer ‑ mais cette lutte ne sera pas chaude, car aucune voix ne s’élèvera pour dire le contraire ‑ que le Longwood pimpant comme aujourd’hui était un séjour de rêve, une manière de « Club Med » dans une île un peu perdue, un « sweet home » confortable, douillet et gai, et que l’Empereur déporté ne fut, lui l’« Attila » de l’Europe, qu’un emmerdeur geignard et menteur.
Passé cette échéance de mai 2021, Napoléon redeviendra l’occupant (?) d’un monument, sans doute magnifique, mais froid et sans âme. Une curiosité touristique.

Petite remarque personnelle en passant : je n’aime pas le lieu, et je déteste Sainte-Hélène, car, pour moi, Napoléon est un être vivant, et il est toujours présent. Dans le langage « lentzien », on appelle « séide » un tel individu.

UNE BONNE NOUVELLE

Dernière trouvaille en date de nos experts : exhumer des documents ou des ouvrages tombés dans le domaine public, les rééditer, bien évidemment revus et corrigés, et souvent « tondus » ce qui permet de se faire du « cash » sans avoir à trop se fatiguer.

En exemple : « Général Gourgaud – Journal intégral ». Contrairement à la sinistre mésaventure survenue au Mémorial de Sainte-Hélène, le « Journal de Gourgaud » n’est pas passé dans l’essoreuse de la Fondation.

Et pour cause : il s’agit d’un tableau d’une « franchise rare, parfois cru, de la petite colonie sur l’île, en particulier de ses violents déchirements internes… La figure centrale de l’Empereur, envers laquelle l’auteur éprouve des sentiments allant de l’idolâtrie à la haine, est au cœur de chacune des pages… »

Si dans un contexte aussi prometteur, on ne parvenait pas à dénicher quelques paroles insultantes pour Napoléon, quelques anecdotes scabreuses, que l’on pourrait exploiter astucieusement, ce serait vraiment à désespérer.
Mais j’ai bon espoir, jusqu’ici, je n’ai jamais été déçu : le vivier de la Fondation est également une insondable boîte à idées malfaisantes.

RELÈVE ASSURÉE

J’allais oublier : dans l’une de ses mini vidéos, M. Chanteranne énonce, je devrais écrire assène, que Napoléon, qui n’était pas un « Apollon » ‑ remarque stupide s’il en est ‑ faisait tout très vite (on imagine quoi, entre autres), d’où cette précision dont l’importance n’échappera à personne :

« Les maîtresses se sont succédées sans que véritablement Napoléon leur laisse un souvenir impérissable ».

C’est encore très « soft », et il a encore bien du chemin à parcourir pour égaler dans le sordide, entre autres le Maître Jean Tulard, mais on sent néanmoins pointer un petit quelque chose de prometteur.
Je puis donc être tranquille : la relève semble assurée !


(1) Nanoscale secondary ion mass spectrometry. Pour ceux que cela intéresse, voir la définition scientifique.

(2) In « La Chambre Noire de Longwood », ouvrage réellement magnifique de Jean-Paul Kauffmann, éditions de la Table Ronde, 1997. Une écriture superbe, émouvante et suggestive à des lieues des misérables productions de l’usine de Geoffroy-Saint-Hilaire, et des ridicules et mensongers reportages (sic) touristiques distillés par, entre autres France24. Et ce ne sont pas les derniers.

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