Quand j’accomplissais mon service militaire « volontaire », outre-Moselle, dans la magnifique région viticole de la « Saarland », il arrivait souvent que nous chantions « J’avais un camarade » (l’autre nom « la cavalcade ») à l’occasion des mouvements de section. Ce chant d’un pas lent produisait une certaine émotion et permettait de consolider la cohésion de groupe. Mais j’avoue que nous étions tellement focalisés par les ordres et l’exécution qu’aucun de nous ne s’était posé la question de son origine.
J’appris récemment que l’origine venait du début XIXe siècle. L’auteur, Ludwig Ulhand, a écrit ce poème « Der gute Kamerad » (le bon compagnon) en 1809 à Tubingen, dans l’ancien royaume de Wurtemberg.
À l’époque, ce royaume était né par le traité de Presbourg du 26 décembre 1805, à la suite de la victoire d’Austerlitz, et appartenait à la confédération du Rhin. La fille du roi de Wurtemberg, Frédéric 1er, devint l’épouse de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, en 1807.
C’est en 1825 que Friedrich Silcher mit en musique ce poème.
Version germanophone
Ich hatt’ einen Kameraden,
Einen bessern findst du nit.
Die Trommel schlug zum Streite,
Er ging an meiner Seite
In gleichem Schritt und Tritt (2x).
Eine Kugel kam geflogen,
Gilt sie mir oder gilt sie dir ?
Sie hat ihn weggerissen,
Er liegt vor meinen Füßen,
Als wär’s ein Stück von mir (2x).
Will mir die Hand noch reichen,
Derweil ich eben lad.
Kann dir die Hand nicht geben,
Bleib du im ew’gen Leben
Mein guter Kamerad ! (2x).
Adaptation française
J’avais un camarade,
De meilleur il n’en est pas ;
Dans la paix et dans la guerre
Nous allions comme des frères
Marchant d’un même pas (2x).
Mais une balle siffle.
Qui de nous sera frappé ?
Le voilà qui tombe à terre,
Il est là dans la poussière ;
Mon cœur est déchiré (2x).|
La main, il veut me prendre
Mais je charge mon fusil;
Adieu donc, adieu mon frère
Dans le ciel et sur la terre
Soyons toujours unis (2x).
La Cavalcade
La version « la cavalcade » a été composée par le lieutenant parachutiste Jean de Brem, auteur de « Testament d’un Européen » et dernier militant OAS, abattu par la police en avril 1963 à Paris.
Un jour dans la fusillade, galopant à l’inconnu
Nous allions en cavalcade, tu étais mon camarade
Celui que j’aimais le plus (2x).
Un cavalier par bravade, des siens le plus résolu
Me porta son estocade, ce fut toi mon camarade
Ce fut toi qui la reçue (2x).
J’ai vengé l’estafilade, que ce coup t’avait valu
Mais très tard dans la nuit froide, j’ai pleuré mon camarade
Près de son corps étendu (2x).
Je suis ma route maussade, et je chevauche sans but
Au hasard d’une embuscade, j’ai perdu mon camarade
Je ne rirai jamais plus (2x).
Prince écoute ma ballade, et cet appel éperdu
Prie le Dieu des cavalcades, de placer mon camarade
A la droite de Jésus (2x).
Je ne connaissais pas la version due à cet officier parachutiste.
Elle ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais peu m’importe, car je la trouve très belle. Merci de l’avoir publiée.