La saga de l’empoisonnement de Napoléon – épisode 2

Je ne saurais lister ici toutes les inepties, les énormités, les mensonges débités par les adversaires de cette thèse qui dérange beaucoup de monde ; c’est pourquoi, je me permets avec insistance de renvoyer le lecteur intéressé vers les réactions du blog antidote Carré Impérial. Je vais tout de même en donner quelques exemples…

Les adversaires contre-attaquent

Vader se cache-t-il à la fondation Napoléon ?
Vader se cache-t-il à la fondation Napoléon ?

On nous servit d’abord des « hors-d’œuvre » pittoresques : des chercheurs suisses affirmèrent que Napoléon était bien décédé de « son » cancer de l’estomac en mesurant… la taille de ses pantalons (un sommet de la science !).
Voici le texte « intégral » de cette nouvelle (Magazine Historia mensuel 703 juillet 2005), dont il faut noter la hardiesse pittoresque du titre :

Retour sur l’Histoire, Les pantalons de Napoléon parlent par Frédéric de Monicault, « Un cancer de l’estomac, et non un empoisonnement à l’arsenic – comme certains l’avancent -, serait la cause du décès de Napoléon. Pour étayer cette thèse, des scientifiques suisses ont comparé neuf pantalons portés par l’Empereur avant et pendant son exil à Sainte-Hélène. Ils en concluent que Napoléon a perdu plus de dix kilos les derniers mois de sa vie, pesant 75,7 kg (pour 1,67 m) à la veille de sa mort, le 5 mai 1821. »

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On tenta ensuite de faire croire au grand public (dépêche de l’Agence France Presse, citant d’autres « chercheurs » suisses) que l’arsenic présent dans les cheveux de Napoléon s’expliquait par la « coutume des vignerons de l’époque de nettoyer leurs tonneaux et leurs cuves avec de l’arsenic » – donc, de la mort-aux-rats – et les mêmes appuyaient leurs certitudes sur le fait que Napoléon était un grand amateur de vin !

« Napoléon, grand amateur de vin ! »

Une absurdité que ne manqueront pas de relever tous ceux qui connaissent bien les habitudes « gastronomiques » (?) de l’Empereur !

Quant à nettoyer des tonneaux faits de bois poreux avec un poison mortel…
Bien qu’il me parût « bouffon » – c’est à se demander comment on peut oser transmettre une information (sic) aussi débile à une grande agence de presse, et comment celle-ci la peut recevoir et relayer sans ciller, mais nos adversaires osent tout – je m’informai auprès de professionnels réputés sur la manière dont les vignerons de l’époque de Napoléon nettoyaient leurs tonneaux.

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Leur réponse – elle date du 23 janvier 2007 – fut limpide et simple, trop sans doute pour qu’il vînt à l’esprit de nos amis de vérifier par eux-mêmes. Je la transcris ci-dessous mot pour mot :

« Avec de l’eau claire tout simplement et de lourdes chaînes pour racler les parois internes. Ce travail étant fait manuellement, cela nécessitait et nécessite encore de gros efforts et de beaux biscotos (sic). Aujourd’hui, le jet de sable à haute pression avec de l’eau existe mais tous ne l’utilisent pas.
« GB ».

Tout pompeux qu’ils soient, les détracteurs de la thèse ne reculent décidément devant aucun sacrifice, même et surtout celui du ridicule, pour berner le grand public, et, ce faisant, le prendre pour un nigaud.

Il importe de noter qu’à chaque fois que la thèse de l’empoisonnement s’affermissait les adversaires lançaient une contre-offensive.

Quelques exemples seront bienvenus pour étayer le propos.

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PHOTO : ISTOCK / ALEXRATHS

1 – Après la publication en 2001 des résultats des analyses faites par l’Institut de Médecine Légale de Strasbourg, la réaction des adversaires n’avait pas tardé, qui se manifesta sous la forme d’un article tonitruant dans le magazine de vulgarisation Science & Vie, qui présentait à grand renfort de graphiques les résultats d’analyses effectuées, à sa demande, par le laboratoire de la préfecture de Police de Paris (et on fait reproche à Ben Weider d’avoir « mobilisé » le F. B. I. !)

Paru en novembre 2002, cet article était (en apparence) si complexe pour le profane que sa compréhension était aléatoire, et que toute personne ne possédant pas un minimum de formation scientifique ne pouvait qu’adhérer, impressionnée et subjuguée, aux arguments avancés sans pouvoir se forger une opinion personnelle en toute connaissance de cause.

Conclusion de cet article censé renvoyer les « empoisonnistes dans les cordes » : l’arsenic décelé se trouvait « sur » les cheveux de Napoléon, et il n’était que la signature des produits de conservation utilisés en ce temps.

Mais c’était beaucoup de bruit pour rien.

En effet, les scientifiques de Strasbourg connaissaient si bien l’existence du toxique à la surface des cheveux que, ainsi que l’exige le protocole d’analyse, les cheveux avaient été préalablement lavés avec une solution spéciale.

La publicité aidant – les échantillons avaient été fournis par un membre du Souvenir Napoléonien, ce qui est tout dire – l’article de Science & Vie fut abondamment et – faut-il s’en étonner ? – favorablement commenté.

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Affirmatif !

Trois fois hélas pour cette manœuvre de diversion, les analyses faites, en 2003, à l’université du grand-duché du Luxembourg par le Pr Robert Wennig et le Dr Pascal Kintz, qui dénonçaient la présence du toxique au cœur même des cheveux impériaux, anéantirent de manière indiscutable et définitive les (pseudo) arguments si rassurants, et si laborieusement invoqués, de la contamination externe prônée par le laboratoire officiel sollicité par Science & Vie.

2 – Autre exemple, celui de la réaction, mentionnée plus haut, qui suivit l’annonce de la révélation à Illkirch de la nature de l’arsenic.
Elle se présenta sous la forme d’une étude publiée, à la fin de l’année 2006, dans la revue scientifique Nature Clinical Practice Gastroenterology and Hepatology, qui établissait en substance que Napoléon avait – évidemment – succombé à un cancer de l’estomac.

Petit « détail » à souligner : les analyses en question avaient été réalisées sur la proposition d’un médecin, le Dr Jean-François Lemaire, membre du Souvenir Napoléonien, et détracteur acharné (tout comme l’ensemble de la Fondation Napoléon) de la thèse de l’empoisonnement. Ce qui ne présageait rien de bon pour l’honnêteté des résultats qui allaient être publiés.
Pour preuve : dans cette « étude » (!), on pouvait lire que les théories « fantaisistes » d’un empoisonnement de Napoléon à l’arsenic étaient (citation toujours) « maintenant largement discréditées ».

« Discréditées ? »

Mais par qui exactement ?

Petit rappel indispensable : ex-président de l’Association Internationale des Toxicologues de Médecine Légale, et autorité mondialement reconnue dans le domaine de l’analyse toxicologique des cheveux, le Dr Pascal Kintz a participé, avec d’autres scientifiques, à l’analyse de ceux du président ukrainien Viktor Iouchtchenko (ci-dessous), empoisonné à la dioxine au mois de septembre 2004, et je n’ai pas le souvenir que ses constatations aient été réfutées, ou, simplement, mises en doute, par les autorités gouvernementales de l’Ukraine.

Viktor Iouchtchenko
Viktor Iouchtchenko

Outre qu’une telle allégation est arbitraire et malhonnête, oser soutenir que les théories « fantaisistes » de l’empoisonnement de Napoléon « sont maintenant largement discréditées » n’a – c’est une évidence – d’autre but que de décrier, dans l’esprit du grand public, les travaux de deux scientifiques de renommée internationale.

Pourquoi quelques historiens aux motivations douteuses se permettent-ils de jeter ainsi le doute dans l’esprit du grand public, forcément crédule, et qui, n’y connaissant rien, ne peut entendre que celui qui a parlé ?
Car, dans cette affaire, en dépit de son absence de compétence et de sa mauvaise foi, mais grâce à une technique éprouvée, c’est le détracteur seul qui tire à lui toute la « couverture » médiatique.

Ce qui est troublant, c’est que, à aucun endroit de cette « étude », les travaux du Pr. Wennig et du Dr Pascal Kintz ne font l’objet de la plus petite mention. Ce qui, évidemment, rend plus aisé le « lavage des cerveaux ».

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Il y a des choses à ne pas dire… sinon…

Quel crédit peut-on alors apporter à une étude qui – sciemment – ignore ces paramètres fondamentaux que sont les concentrations massives de mort-aux-rats relevées au cœur des cheveux de Napoléon ?

En tout cas, les adversaires ne chômèrent pas, qui réussirent à ce que cette étude controuvée fît l’objet de onze articles dans les grands médias. En vingt-quatre heures !

Main basse sur l’histoire de Napoléon et du Premier Empire. Attention, chasse gardée.

Et que penser de cette dépêche de l’Agence France Presse, dont je retranscris quelques extraits, car « ils le valent bien » ?

« Chez l’empereur et ses proches, on relève une présence d’arsenic qui serait considérée comme toxique aujourd’hui, mais qui est analogue à celle découverte sur les (autres) sujets qui ont vécu à son époque, et qui n’est donc pas inhabituelle.
« L’environnement dans lequel vivaient les gens au début du XIXe siècle conduisait à l’évidence à l’ingestion de quantités d’arsenic que nous considérerions aujourd’hui comme dangereuses.
« En conséquence, la concentration de la substance ne suffirait pas à causer la mort de Napoléon », et la cause de cette concentration ne serait pas « un empoisonnement, mais une absorption constante d’arsenic. »
(Fin de citation).

Cela va de soi !

Évidemment, si ces scientifiques italiens avaient jugé bon d’en faire mention, et compte tenu de leurs conclusions, à savoir qu’il y a « deux siècles la concentration d’arsenic dans les cheveux était cent fois plus forte que le niveau moyen contenu dans les cheveux de notre époque. »

– compte tenu également de ce que nous savons sur la nature du poison trouvé à l’intérieur des cheveux de Napoléon, cela eût signifié que les quelque 26 millions de Français de l’époque (recensement de 1812), pour ne parler que d’eux, avaient – tous ! – de la mort-aux-rats dans leurs cheveux. Et que cette situation n’avait rien « d’inhabituel » !

Renversant.

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La medulla n’est jamais citée… Pourquoi ?

On – et dans ce on, nous incluons MM Tulard et Lentz pour ne citer que ces deux personnages – nous rebat également les oreilles avec des cheveux datant de 1805, 1814, etc., lesquels montreraient des traces d’arsenic.
Mais ce qui n’est jamais précisé – car cela irait à l’encontre de la démonstration souhaitée – c’est que pas une seule de ces études censément contradictoires, n’est allée explorer le cœur des cheveux (medulla) de l’Empereur.

Avec une telle lacune, soigneusement et volontairement répétée, on pourrait trouver trace d’arsenic (de conservation) sur les cheveux du petit Bonaparte, du Premier Consul ou, effectivement, de quiconque de son entourage.
Allons, Messieurs, offrez-vous un peu d’aventure !

Plongez donc au cœur des cheveux de Napoléon – c’est sans danger, sauf pour votre crédibilité – et revenez nous faire part de vos constatations.

Là aussi, quel crédit peut-on accorder à ce genre d’études (?), qui, volontairement, font l’impasse sur des résultats d’analyses toxicologiques du plus haut niveau ?

La réponse est simple : elles ne sont entreprises que pour tenter d’occulter délibérément une vérité scientifique incontestable par tout esprit intellectuellement honnête – ce qui limite singulièrement les possibilités dans « l’opposition » – et de continuer à duper grossièrement le grand public en empêchant de s’exprimer quiconque s’obstine à parler un autre langage que le langage « officiel ».

Ce qui est sans doute le but recherché.

Mais par qui et surtout pourquoi ?

À suivre…

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