De nos jours, les sociétés dites « modernes » sont obnubilées par le salaire. Il faut des sous, du fric, du pognon, du flouse, du pèze, de la tune, de l’oseille pour être dans le « bonheur »… souvent illusoire. Il y a deux siècles, il fallait du blé…
En tant qu’Empereur, Napoléon fut en permanence soucieux des besoins du peuple, comme un père pour ses enfants. Toujours, il prit des directives pour que les greniers de France soient remplis de céréales. Les provinces étaient quasi certaines d’avoir du blé, par leurs positions et prévoyances, mais Paris et les grandes villes, elles, pouvaient être les premières victimes de la famine, si mauvaise gestion des subsistances.
Napoléon cita :
« Les subsistances sont le principal mobile de la tranquillité publique. »
Allons découvrir l’origine de cette citation, ci-dessous.
LA CRISE DU BLÉ
L’année 1811 connut, sur l’ensemble de la France, un ensoleillement précoce. Les épis de blé se formèrent trop vite, et les pluies coulèrent la fleur, ce qui ne donna que très peu de grains. Cet événement climatique défavorable présagea la hausse du prix du pain et des tensions en ville l’année suivante en 1812.
Aussi, paraît-il que la gestion des approvisionnements avaient été confiées à « des mains inhabiles, à des cœurs anti-français, à des hommes ineptes… ».
M. Paulet, gendre de « Wanderberg », chargé des vivres à Paris, fut remplacé. Il recevait auparavant une somme de 500 000 francs par mois, lesquels lui étaient payés par un bon du préfet de police sur les hôpitaux et les hospices… Le comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur, ordonna au comte Dubois, préfet de police, de ne plus lui donner ces bons, et informa que le comte Maret, conseiller d’état, »sera chargé de cette besogne »
MARET, L’HOMME PROVIDENTIEL
Le comte Jean-Philibert Maret était le frère du duc de Bassano, Hugues-Bernard Maret, fraîchement promu ministre des affaires étrangères. Tout comme lui, il se révéla un homme précieux et de confiance pour l’État. Laure Junot, duchesse d’Abrantès, rapporte dans ses mémoires :
« Cet homme est Français… Ce qu’il aime, c’est le sol de cette France que tant de gens oublient… dont ils parlent pourtant, et qu’ils connaissent si peu… »
Il prit donc la fonction de directeur général des subsistances, et centralisa les vivres de la Grande Armée, de la Marine, et les réserves de Paris.
NAPOLÉON N’EST PAS DUPE
Le 15 août, jour de son anniversaire, Napoléon fit une réunion d’urgence concernant la récolte de l’année. Le comte Jean-Pierre de Montalivet conclut « qu’elle était des plus belles, et que jamais elle n’avait présenté une plus grande espérance ».
Le comte Maret n’avait pas ses notes prêtes, mais le soutint, comme la majorité des présents. Napoléon leur répondit :
« Et moi, Messieurs, je vous dis qu’il n’est pas vrai que nous ayons une bonne récolte… Elle est mauvaise même ! Elle est comme celle de l’année dernière… Ceci est grave, Messieurs. Vous savez tous de quelle importance il est pour la tranquillité de la France, et notamment de Paris, que le pain, surtout, soit assuré. J’ai vu dix émeutes qui n’auraient pas eu lieu si le peuple avait eu de quoi manger… Il faut s’occuper sérieusement de cette affaire. Songez bien que lorsque la récolte est médiocre, il y a gêne, et que lorsqu’elle est bonne, il y a souvent gêne encore ».
Un peu plus tard, le comte de Montalivet essaya de rassurer Napoléon, précisant que « le pain sera cher, mais il ne manquera pas ».
Napoléon répliqua :
« Qu’entendez-vous par là ? De qui donc croyez-vous, Monsieur, que nous nous occupions depuis deux mois ?… Des riches !… Je m’en occupe bien, vraiment !… Et qu’est-ce que cela me fait à moi, Monsieur, que vous ayez du pain ou que vous n’en ayez pas ?… Je sais qu’avec de l’or, on en trouvera comme on en a trouvé, comme on trouve de tout avec l’or dans ce monde… Ce que je veux, Monsieur, c’est que le peuple ait du pain ! C’est qu’il en ait beaucoup, et de bon, et à bon marché… C’est que l’ouvrier, enfin, puisse nourrir sa famille avec le prix de sa journée !… Lorsque je serai loin de la France, n’oubliez pas que le premier soin du pouvoir sera d’assurer constamment la tranquillité et le bonheur public, et que les subsistances forment le principal mobile de cette tranquillité, pour le peuple surtout ».
Dans le même mois, Napoléon songea à des alternatives au blé, comme par exemple le riz et les légumes secs…
SOURCES
Mémoires de la duchesse d’Abrantès. Correspondances de Napoléon 1er
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