Un événement que l’on peut qualifier de mémorable s’est produit sur la chaîne russe d’informations, « RT France » (1) : un débat sur le thème de Napoléon dans l’une des émissions phares de la chaîne, « Interdit d’interdire ».
Le plus comique de l’affaire est que le journaliste, Frédéric Taddeï, recevait le directeur de la fondation Napoléon soi-même ‑ c’est-à-dire l’un des « dictateurs » patentés de l’histoire du Premier Empire ‑ pour parler de Napoléon par le biais de son ouvrage Bonaparte n’est plus.
Slogan de l’émission : « Enfin de vrais débats ».
Avec une telle profession de foi, on était en droit de s’attendre à rencontrer un journaliste pugnace.
Et ?
Et nous n’avons vu et entendu que l’un de ces journalistes « godillots », selon l’expression familière utilisée en politique, plus soucieux de plaire à son invité que de le pousser dans ses retranchements sur des sujets polémiques, comme, bien sûr dans ce cas précis, l’empoisonnement de Napoléon.
Heureusement pour l’invité, le meneur de jeu des supposés « vrais débats » n’avait visiblement aucune lumière sur la question.
« DU VENT »
On se retrouva donc, comme toujours, dans la situation où la parole est donnée à la seule accusation ‑ Thierry Lentz, donc ‑ pour qui, la thèse de l’empoisonnement ne repose que « sur du vent ».
Très courtois pour, entre autres, l’ex-président de l’Association des Toxicologues de Médecine Légale (SFTA), le Dr Pascal Kintz, et le Pr Robert Wennig, ancien directeur du département de toxicologie et directeur de recherches au Laboratoire national de Santé du grand-duché du Luxembourg… expert judiciaire, comme son collègue Kintz, qui sont allés explorer l’intérieur des cheveux impériaux avec une machine dont il n’existe que peu d’exemplaires au monde, le NanoSIMS 50.
Il faut vraiment avoir de puissants ressorts pour oser mentir de manière aussi éhontée, pour oser nier, sans aucun argument sérieux, des analyses scientifiques de ce niveau, pour maintenir le grand public dans l’ignorance et le duper sans vergogne..
C’est ça, la « touche » Fondation Napoléon. Si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer !
Ceux qui seraient intéressés pourront toujours aller voir sur Internet à quoi ressemble la machine à faire du vent, et, par la même occasion, prendre connaissance des CV respectifs de ces deux scientifiques, qui ont permis de nourrir des thèses « loufoques », selon l’inoubliable expression de l’un de ces journalistes au service de la Fondation, du Point en l’occurrence !
Je préfère ne pas le nommer, j’aurais honte pour lui. (Lire sur ce sujet : « On ne meurt que deux fois »).
LOI DU SILENCE OBLIGATOIRE
On comprend aisément que, devant des personnalités aussi indiscutables que ces deux scientifiques, le directeur de la Fondation Napoléon n’a pas d’autre choix que de faire régner par tous les moyens, même les plus bas ‑ une longue habitude ‑ une implacable loi du silence. Elle est scrupuleusement respectée par la presse française.
Donc, sur « RT France », Thierry Lentz a parlé :
« Du vent ».
Et Frédéric Taddeï, subjugué, a acquiescé :
« …Il n’y a aucun soupçon d’empoisonnement. C’est une légende qui courra par la suite. »
Fermez le ban ! Merci Messieurs.
Mission accomplie donc.
À son échelle, Frédéric Taddeï, l’inventeur des « vrais débats » (défense de rire !), à… interlocuteur unique (!) a fait de son mieux pour, à son tour, tourner en ridicule auprès de quelque 11 000 vieweurs une thèse scientifique qui vole trop haut pour lui, et dont son invité, de toute façon, ne voulait pas entendre parler.
Alors, un petit voyage à Sainte-Hélène ?
1) Russia Today est la branche francophone, située en France, de la chaîne russe d’information internationale RT.