Le 3 octobre 2020, Thierry Lentz était l’invité de l’émission Historiquement show (Histoire Tv) pour faire la promotion (ou pourquoi pas « propagande » ?) de son livre « Napoléon – Dictionnaire historique » sorti en septembre 2020 aux éditions Perrin. On remarquera à plusieurs reprises l’admiration subtile que porte l’animateur Jean-Christophe Buisson pour Napoléon et qu’il tentera de destabiliser juste un peu notre cher directeur de la fondation Napoléon. Période Covid oblige, les distances ont été respectées et sans masque…
Analyse de l’interview
Débuter par une blague…
Dès le début de l’interview, l’animateur Jean-Christophe Buisson tente de ch(ow)ffer la vedette de la Napoléonie par une blague calculée, le présentant comme « toujours président de la fondation Napoléon »… Réaction illico de Thierry Lentz par son index gauche : « Directeur… » (sourire)
Jean-Christophe Buisson (JCB) : Directeur… Dans notre cœur, vous êtes aussi “Président”.
Thierry Lentz (TL) : C’est important car le « Président » est bénévole (ricanement).
JCB : D’accord… Vous êtes sûrement « grassement » payé… (« grassement », le jeu de mots est subtil. En effet, l’animateur doit être au courant de tout ce qui se magouille dans les bureaux de cette fondation multimillionnaire).
Associer « Guerre » et Napoléon
JCB : Vous êtes l’auteur inspiré et prolifique d’une œuvre de référence sur l’Empereur, près de 40 livres en moins de 40 ans (un peu d’éloge), le dernier, tout nouveau tout beau, c’est celui-ci le Dictionnaire historique. Et gouverner, on peut dire que Napoléon savait faire en tant que directeur, en tant que consul, et en tant qu’Empereur. Est-ce qu’il a su aussi bien gouverner que faire la guerre, selon vous ?
Analyse : Après la minute de rigolade, voici la question dite « sérieuse » et réccurente des journalistes occidentaux, celle où il faut choisir entre le « Napoléon gouverneur » ou le « Napoléon va-t-en-guerre » (car faire la guerre durant 20 ans, c’est qu’il doit aimer ça, le bougre…). Cela rappelle la comparaison faite par l’historien et directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Patrice Gueniffey (un des partenaires préférés de la vedette), durant l’émisson Secrets d’Histoire de 2015, quelques jours avant le bicentenaire de Waterloo (parfait pour le timing) : « Chez Napoléon, la passion amoureuse est associée au plaisir de faire la guerre, autant il aime Joséphine, autant il aime faire la guerre, ces deux passions se mélangent ». Des paroles inoubliables que nous devons rappeler au public ! Employer l’expression « savoir faire la guerre » n’a de sens que si on cite dans l’explication ceux qui la font, y compris, bien-sûr, ceux qui la déclarent. Or, pour les raisons que nous savons, et qui sont déjà publiées depuis 2010 sur le blog Carré Impérial, Thierry Lentz ne les citera jamais pour ne pas froisser le partenariat économique entre la fondation Napoléon et Londres. En effet, en omettant les rois d’Angleterre George III & IV ainsi que le gouvernement Tory, les novices ou abonnés seront focus sur « un Napoléon aimant faire la guerre » et surtout la faire comme un passe-temps ou par « plaisir » ou par passion. Napoléon a un talent de leader, un talent pour organiser une armée, un talent pour adapter l’armée en fonction des circonstances, c’est ce qu’on appelle l’art de commander. Mais être un artiste du commandement, surtout dans la culture propre à Napoléon, ne veut pas dire aimer faire la guerre avec les horreurs que cela engendre. Ce qu’il faut dire et retenir, c’est qu’il a été contraint de la faire, à contre-cœur, il suffit de lire toutes ses lettres de paix pour éviter de la faire, et qu’il ne répond qu’aux attaques de l’Empire britannique qui, lui, a pour objectif officiel d’être le seul maître commercial du Monde (Déclaration de guerre de George III, blocus maritime, tentatives multiples de débarquement militaire sur les côtes atlantiques et méditerranéennes, attentats, etc…).
TL : Je pense que Napoléon a mieux gouverné que fait la guerre, la guerre ça se termine mal puisqu’il est battu, alors qu’en revanche, tout ce qu’il a mis en place et même une façon de gouverner a été retenu par l’Histoire comme étant « assez exemplaire ».
JCB : Un modèle ?
TL : Un modèle… oui… (Il semble que le mot “modèle” ait été “très très” dur à sortir de sa bouche enrobée.)
Analyse : « La guerre, ça se termine mal, puisqu’il est battu ». Thierry Lentz a une telle obsession pour Napoléon qu’il oublie que la guerre se fait avec la Nation entière, l’armée française et le peuple français. J’ai eu de suite une pensée pour nos combattants morts et survivants de la bataille de Waterloo, de vrais hommes d’honneur et patriotes, une race antagoniste à cette surcharge pondérale grossière. Remarquez la transition en deux secondes de “assez exemplaire” à “modèle”. On sent que l’animateur essaye de forcer la vedette à employer des qualificatifs qu’il n’a pas l’habitude de dire en conférence privée, “modèle” étant une appréciation vertueuse. Et il est facile de constater, depuis le début des bicentenaires, que ce n’est pas dans l’historien français actuel de classer Napoléon dans la case vertu. Au contraire, Napoléon est classé dans : « Ces hommes, de Charlemagne aux dictateurs du XXe siècle, qui ont essayé d’unifier l’Europe par la guerre » sic, pioché dans un livre “écrit” par cette même vedette.
Associer François Hollande et Napoléon
TL : Vous le savez (sourire aux lèvres), dans notre histoire “très” contemporaine, tout le monde, à un moment donné, est comparé à Napoléon ou se réfère à lui, et même François Hollande avait été comparé à Napoléon, dans un article de El Pais qu’il faut aller chercher “très très” loin sur internet.
Analyse : Surpris, et un peu dans l’impasse au point de faire l’aveu d’un « Napoléon modèle », il réussit, en une fraction de seconde, à y glisser un tacle sournois faisant le lien avec le président aux multiples sobriquets (fraise des bois, guimauve le conquérant, flamby – source Le Point magazine).
JCB : une comparaison audacieuse… (Ricanement de Thierry Lentz).
Analyse : Le ricanement de la vedette en dit long… Oui, en effet, il faut chercher “très très loin sur internet” pour trouver cette info d’un journal espagnol qu’aucun francophone ne lit. Thierry Lentz avait donc préparé les réponses à l’avance, et attendait l’occasion pour sortir son tacle hollandais. Son but est, comme à son habitude, de dégrader le plus grand homme que l’Histoire de France ait connu, sauf que, la seule référence de François Hollande que j’ai trouvée sur El Pais est ceci : « Un portrait fidèle, gris, monotone, parfois drôle et parfois déchirant, des coulisses d’une puissance d’autrefois soumise à une étape et à quelques rites de la lignée napoléonienne, et exercée par un homme incapable d’élever la voix, toujours discret et serein, l’antithèse de Sarkozy ou de Napoléon ». “Hollande, l’antithèse de Sarkozy ou de Napoléon”, comme c’est étonnant… Je me disais, mais comment un journal, avec un minimum de professionalisme, peut trouver des points communs entre le Grand Napoléon, ce météore qui éclaire les siècles, et ce “président normal” qu’est Hollande ? Les journalistes espagnols ont tout de même une lueur de bon sens. En revanche, on se demande si Thierry Lentz a réellement recherché sur Internet, ou tout simplement, s’il n’est pas atteint de psittacisme. Je pencherais pour la deuxième option, il est du genre à chopper une blague lors d’un banquet au frais de la fondation Napoléon.
« Guerre totale » : Lentz ignore Clausewitz
JCB : Vous avez aussi quelques petites colères… (Ah bon ? répond Thierry Lentz, avec ricanement). Oui, Oui… (Ricanement), notamment ceux qui reprochent à Napoléon d’être l’inventeur de la guerre totale, un siècle avant Ludendorff ou ceux qui lui reprochent ses pillages, notamment dans les campagnes d’Italie, qu’est-ce que vous leur répondez ?
TL : Je dirais d’abord que le concept de guerre totale appliqué aux guerres de la Révolution et de l’Empire, il nous vient des États-Unis, évidemment, on ne va pas citer de nom (sourire), mais on sait très exactement qui l’a lancé et pour quelle raison, c’est une raison de carrière tout simplement, malheureusement, c’est revenu jusque chez nous, puisque le livre américain avait été traduit et quelques historiens se sont crus à généraliser le concept de guerres totales.
Analyse : Il y a comme de l’ironie de la part de l’animateur au sujet des « petites colères » de la vedette… Des « petites colères », comme ses « ronchonneries » sur Facebook – il s’autoproclame le « ronchon » -, se limitent à des écrans interposés et restent sans effet dans le monde réel. L’attitude de Thierry Lentz est une nouvelle fois étrange, il annonce bien connaître le responsable de la diffusion du terme « Guerre totale », mais ne le nomme pas. Pourquoi donc cette énigme ? Qui est donc ce mystérieux auteur que la vedette tient absolument à cacher ? Et puisqu’il ne le nomme pas, je vais le faire à sa place : C’est David Avrom Bell ! Bref, une blague, ce type est inconnu en France. Ou bien serait-ce une diversion ? Né d’une famille juive new yorkaise en 1961, et professeur d’Histoire, auteur pour le New York Times, Slate, et Time, David Avrom Bell publie courant 2007-2008 le livre « The First Total War : Napoleon’s Europe and the Birth of Warfare as We Know It » que l’on traduit par « La première guerre totale, l’Europe de Napoléon et la naissance de la guerre moderne ». La version française est parue en 2010, et pour indiquer le modeste impact de ce livre en France, il n’y a qu’un seul commentaire sur Amazon, celui d’un breton “Erwan Seznec” et qui date de… 2017 : « Livre le plus intéressant après Tocqueville, La Révolution française ruine la conception du combat limité au nom paradoxal de “paix universelle”. Napoléon prend le pouvoir et met l’Europe à feu et à sang sans jamais arriver à cette paix perpétuelle inatteignable… Si Napoléon n’est pas Hitler ou Staline, il a quand même à son passif des crimes de guerre lamentables, commis sur des populations non combattantes. La “retenue aristocratique” avec laquelle il a été traité par ses vainqueurs britanniques (deux exils, pas de peine de mort) n’est pas assez soulignée en France ». Cette pensée caricaturale est malheureusement très présente dans notre société française actuelle (au point de finir par aimer les géoliers ?). Elle ne peut naître qu’en buvant les sermons des vedettes historiennes françaises mettant Napoléon au centre et à l’origine des conflits, en prenant soin de ne jamais citer les Tories (parti politique britannique au pouvoir à l’époque), les rois George III & IV, et le premier ministre William Pitt. Pour montrer à quel point Thierry Lentz est « has been » et toujours à côté de la plaque, il y a un domaine qu’il ne connaît pas et qui, pourtant, représente chaque année plus de 120 milliards de dollars en chiffre d’affaires, c’est le « Gaming », l’industrie du jeu vidéo. Et en 2010, est sorti sur PC, Napoléon Total War, à la suite du livre de Bell. Vous me direz, ce n’est qu’un jeu vidéo de stratégie, de très bonne réalisation d’ailleurs, mais si on s’intéresse à ceux qui l’ont réalisé, on découvre que c’est la société britannique Creative Assembly dont le siège social se situe à Horsham, à environ 60 bornes de Londres. Ci-dessous, les bandes-annonces en version française, anglaise et autres, où nous constaterons un « Napoléon » avec un visage hostile, agressif, et avec, bien-sûr, une voix terrifiante (interprétée par l’acteur Stéphane Cornicard), cela colle parfaitement avec l’interprétation qu’en font ceux qui le détestent – se souvenir des surnoms : tyran assoiffé de sang, l’ogre corse, etc. Et si nous imaginions, quelques instants, un « George III » à la place, avec les mêmes caractéristiques… Avec le titre George III Total War… Cela aurait de la gueule, n’est-ce pas ? En plus de diffuser la vérité historique. Devant la catastrophique prestation de Thierry Lentz, des questions se posent : Ou il a des carences en Histoire napoléonienne, et dans ce cas, il siège illégitimement depuis plus de 20 ans à la fondation Napoléon, ou il ment éhontément ?… Car la notion de « Guerre totale » est évoquée dans un ouvrage militaire intitulé « De la guerre » du Prussien Carl Von Clausewitz paru en 1832, et bien connu des plus atypiques Saint-Cyriens 😉 .