Les opportunistes

De temps en temps, les médias « dominants » viennent à parler de Napoléon – ils pourraient aussi l’ignorer. On ne va pas s’en plaindre, au moins, ils en parlent, un peu. La question est de savoir « comment ils en parlent » ?

Ils invitent des « historiens » – les journalistes salariés préciseront « spécialistes » et « docteurs », cela impressionne toujours. Parfois, il y a même des « politiciens » – mais n’ont-ils pas été élus pour d’autres missions ? Après avoir bien bavardé, ils font la promotion de leurs ouvrages. Malheureusement, ces opportunistes font leur business de salon en salon, et sont les éternels absents quand Napoléon est calomnié.

CLAUDE RIBBE

En 2005, juste avant le 2 décembre du bicentenaire de la bataille d’Austerlitz, Claude Ribbe sortait de son anonymat et publiait son livre « le crime de Napoléon », provoquant par le titre et par l’image de couverture – une photo d’Hitler se recueillant devant le tombeau de Napoléon en 1940.

Ce pamphlet n’a eu, heureusement, que le triste sort d’une allumette.

Accroc à la mode lobbyiste de l’antiracisme, il réédite son livre en 2013 et fantasme à être le super héros à l’assaut des tyrans et des coloniaux. Pardonnons-le, sa haine n’est qu’ignorance, il n’a pas dû écouter les paroles du Chant du départ.

LE BEAU GALOUZEAU

Toujours en 2005, la palme de la tartuferie aurait pu être décernée à Dominique Galouzeau de Villepin qui s’affichait côté face en napoléonien convaincu, auteur d’une série biographique sur Napoléon, et côté pile, avait nommé Claude Ribbe – celui précédemment cité – à la Commission nationale consultative des droits de l’homme – rien que ça.

Issu d’une famille élitiste héréditaire (officiers militaires, sénateur, chefs d’entreprises et élèves des plus prestigieuses écoles de la République, notamment Saint-Cyr, Polytechnique, HEC et ENA), ce vip du bal masqué s’est illustré en premier ministre, diplomate, avocat, écrivain et accessoirement en napoléonien, en appliquant une des modes médiatiques du moment, celle de l’auto flagellation.

Incapable d’agir par conviction, un comble pour un homme politique, il s’est repenti au sujet de l’esclavage, a commémoré le bicentenaire d’une défaite navale française, celle de Trafalgar, et a tourné délibérément le dos au bicentenaire de la victoire française d’Austerlitz.

LE COMTE DE SÉGUR

Il a fait la campagne de Russie de 1812, mais n’a pas combattu. Il n’est donc pas une source fiable pour expliquer précisément les combats. Et pourtant, après 1815, il est devenu historien et s’est permis de les relater. Sa famille était déjà habituée aux privilèges, son grand-père était maréchal de France sous Louis XVI et son père était aussi historien, membre de l’Académie française, tantôt pour Napoléon, tantôt pour les Royalistes, comme ce diable boiteux de Talleyrand.

Ses mémoires sur la campagne de Russie, publiées en 1824, désapprouvent les décisions de Napoléon et témoignent des scènes dramatiques totalement inventées. Elles sont destinées à émouvoir le public, mais également à plaire aux Royalistes. Elles sont devenues, malheureusement, une référence pour les historiens académiques contemporains.

D’ailleurs, elles ont été rééditées avec une préface du « Maître » Jean Tulard. Le général Ségur est le premier à publier que Napoléon avait ordonné de brûler les aigles le 23 novembre 1812 durant la campagne de Russie. Les historiens et écrivains, ci-dessous, l’ont copié :

Dominique Galouzeau de Villepin a publié en 2001 Les Cent Jours ou l’esprit de sacrifice, grand prix de la Fondation Napoléon et prix des Ambassadeurs ; en 2007, Le soleil noir de la puissance, 1796-1807 ; puis en 2008, La chute ou l’Empire de la solitude, 1807-1814 où on y lit ceci : « Le lendemain, il se résout à faire brûler les aigles et tous ses papiers afin d’éviter qu’ils ne tombent entre les mains de l’ennemi… »

– L’historien André Castelot, officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite et de l’ordre de Léopold de Belgique, avait reçu en 1984, le Grand Prix d’Histoire de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Dans son livre Napoléon, lu par des milliers de personnes, on y lit ceci : « Le 23 novembre, les aigles de tous les corps sont jetées dans les flammes, ces emblèmes que l’Empereur avait remis à ses soldats au camp de Boulogne. »

– Le romancier Patrick Rambaud a publié une quadrilogie napoléonienne : La Bataille, Il neigeait, L’Absent et Le Chat botté. C’était un beau succès ! Il avait reçu le Grand Prix du roman de l’Académie française, puis le Prix Goncourt en 1997. Dans Il neigeait, on y lit ceci : « Il joue sa vie et son empire mais ne laissera aucun trophée à ses ennemis. La veille, il a organisé une cérémonie mémorable ; il sait, depuis Arcole, que les hommes ont besoin d’images fortes, qui soulèvent leur émotion et fortifient leur attachement. Les porte-drapeaux des régiments délabrés étaient tous là, dans une plaine. Un grand feu de charrettes fondait la neige. L’un après l’autre, ils venaient y jeter les aigles. Ils embrassaient l’emblème avant de le regarder se déformer, se liquéfier dans les flammes ; beaucoup pleuraient. »

– L’écrivain Honoré de Balzac, dans son roman Le médecin de campagne, on y lit ceci : « Le soir, l’Empereur appelle ses vieux soldats, brûle dans un champ plein de notre sang, ses drapeaux et ses aigles ; ces pauvres aigles, toujours victorieuses, qui criaient dans les batailles. »

Lire que « des aigles ont été brûlées » peut sembler anodin. Cet épisode n’est pourtant pas mentionné dans les mémoires du général Lejeune, réputé pour son don d’observation. En réfléchissant sérieusement sur l’aspect physique de ces étendards, il est impossible de faire fondre du cuivre avec un simple feu de camp. Le général Gourgaud, officier d’ordonnance de l’Empereur, fut bien placé pour expliquer les événements militaires. D’ailleurs, les assertions du général Ségur l’ont poussé à publier un ouvrage intitulé Napoléon et la Grande Armée en Russie ou examen critique de l’ouvrage de M. Le Comte Ph. de Ségur. Bien plus que défendre l’honneur de Napoléon et de ses frères d’armes, il a su démasquer la fourberie et a rétabli la vérité historique. Les historiens académiques actuels ne le citent jamais comme référence, et prétextent que son défaut fut d’avoir trop aimé son Empereur. Ainsi, Ils prétendent tout savoir sur l’art de la guerre sans avoir sabré et sans avoir appuyé sur une gachette.

THIERRY LENTZ

Ce directeur de la « multimillionnaire » fondation Napoléon (merci M. Martial Lapeyre), interviewé par le magazine Le Point, avait appelé à cesser le « Napoléon bashing » (lynchage médiatique). Là, c’était le comble ! Sans scrupule, il continuait à faire la promotion de son ouvrage 100 questions sur Napoléon dans lequel il occulte des informations et compare Napoléon aux dictateurs du XXe siècle ! (article actualisé : en 2015, il reçoit la Légion d’honneur des mains du « Maître » – Merci pour ce hochet, Sire).

GUERRE & PAIX

Le roman Guerre et paix de Léon Tolstoï, à propos de la campagne de Russie de 1812, est un best-seller qui a eu son adaptation au cinéma. Ce n’est pourtant qu’un roman, écrit par un romancier qui est né seize ans après 1812.

Beaucoup ont sûrement été séduits par cette qualité littéraire, et auront tendance à croire, après lecture, que Napoléon fut un « ogre », un dictateur sanguinaire.

Mais quelles sont les sources historiques ?

À court d’arguments, ils changent de sujet ou choisissent le silence ou persistent sur leurs idées reçues. Telles sont les conséquences du formatage de la bien-pensance. Il leur est tellement pénible de connaître la vérité sur Napoléon à travers toute sa correspondance.

Depuis deux siècles, les caricatures persistent, et rares sont ceux à les contester de nos jours. C’est un désastre sociétal quand historiens, journalistes, et politiciens ne font que copier des récits sans en vérifier la source. Certains perdront leur crédibilité et d’autres rejoueront d’opportunisme malsain.

Si personne ne contestait, ce serait tellement plus simple pour contrôler la société. À la prochaine révolution, plus d’un retourneront comme d’habitude leur pantalon.

3 Comments

  1. Marchand 28/09/2013 at

    Merci ! Enfin une volée de bâton pour ces vampires !

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  2. Lionel Bouchon 30/09/2013 at

    Bonjour

    Je suis globalement en accord avec ce que vous écrivez à la réserve près que je vous trouve un peu dur avec Honoré de Balzac. D’une part, celui-ci s’est toujours proclamé royaliste, il n’est donc au moins pas convaincu d’hypocrisie, d’autre part, il a pu, à mon sens, faire confiance de bonne foi aux écrits d’un académicien (on sait qu’il a plusieurs fois, en vain, posé lui-même sa candidature à cette illustre assemblée).
    De toute façon la palme revient sans conteste à l’état français (on ne voit pas comment le nommer autrement en l’occurence) qui s’associe aux commémorations de Trafalgar et oublie celle d’Austerlitz. On peut tout craindre pour octobre 2013, 2014 et 2015.

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  3. miguelmoutoy 06/04/2015 at

    Le simulacre du bicentenaire en 2014 à l’île d’Elbe fut de la même veine! Un maréchal d’empire qui se targue de représenter MASSENA, un napoléon prétentieux…. Que du bonheur…

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