Napoléon, mort ou vif

Au lendemain de Maloyaroslavets – combat d’avant-garde gagné le 24 octobre 1812 par le vice-roi Eugène et qui permettait un repli de 3 jours d’avance sur l’armée de Kutuzof – une petite meute de Cosaques rodait encore dans les parages et s’était permise la folie de faire un « hourra » sur le quartier impérial.

Généralement, la cavalerie cosaque agit comme les hyènes de la savane africaine, transperçant le flanc d’une colonne de soldats à pied ou ne s’attaquant que sur des soldats isolés. Là, l’événement était tellement surréaliste que Napoléon n’osa pas le croire dans les premiers instants et il faillit être capturé.

Depuis, la rumeur avait envahi l’armée française que les Russes voulaient, en première volonté, Napoléon « mort ou vif ».

Il paraît que l’ataman Platov, commandant des Cosaques du Don, avait promis sa fille à qui le lui amènerait vivant.

PORTRAIT-ROBOT

L’amiral Tchitchagof (Cziczagow), arrivé à Borisof au bord de la Bérézina pour prendre en tenaille l’armée française (24-28 novembre 1812), souhaitait le faire prisonnier, en preuve cet ordre donné à ses généraux :

« L’armée de Napoléon est en fuite. L’auteur responsable des calamités de l’Europe est avec elle, et nous nous trouvons sur son chemin. Il est possible qu’il plaise au Tout-Puissant de mettre un terme à son courroux en nous le livrant. Je désire donc faire connaître, à tous, le signalement de cet homme. Il est de petite taille, corpulent, pâle ; il a le cou court et fort, la tête grosse, les cheveux noirs. Pour plus de sécurité, arrêtez tous les individus de petite taille et envoyez-les moi. Je ne parle pas de la récompense qui sera accordée pour cette prise, la générosité bien connue du Tsar m’en dispense »

Tchitchagof pensait même à y ajouter la tête dessinée, croyant que Napoléon pourrait fuir en se déguisant en soldat lambda. C’est vrai, l’Empereur a l’art de se rendre incognito…

Dans ses mémoires, le général Andrault de Langeron, noble français et mercenaire pour le Tsar, se moque de cet ordre du fait que les erreurs de Tchitchagof étaient tellement grandes que Napoléon aurait pu s’enfuir en tenue de sacre.

Le comble de l’histoire : le Français mercenaire Langeron meurt en Ukraine à Odessa, en 1831, et le Russe Tchitchagof est inhumé en 1849 au cimetière de Meaux en France…


SOURCES

Archives lettres de 1812.

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