Petit portrait de Charles X

Comme le « Napoléon bashing » est très en vogue en ce moment, notamment et entre autres à la télévision (je ne désigne personne…), je dédie à tous les royalistes, affichés ou masqués, sincères ou d’intérêt, qui se donnent grand mal pour nuire à sa mémoire, ce petit portrait de l’un des leurs, l’ex-comte d’Artois, ce comploteur de salons douillets devenu Charles X.

Le vocable de « lâche » lui avait été déjà décoché par ce talentueux et féroce mémorialiste bien connu des amateurs du Premier Empire, le général Thiébault, dans ses Mémoires en cinq volumes.

Voici ce qu’il écrit sur cet Artois, honte de la dynastie des Bourbons (la scène en question se passe deux jours après la prise de la Bastille) :

Pendant ce temps le comte d’Artois, que la peur rendit toute sa vie capable de tout au monde, et que d’après cela on pourrait surnommer le crâne des lâches, décampait à toutes jambes ; de cette sorte, il fut le premier des émigrés.

Mais pour que l’on ne se méprenne pas sur la pertinence du trait qui pourrait émaner d’un « séide » – pour certains, tout admirateur de Napoléon est un séide, et Thiébault est bien loin d’en être un ! – voici une autre citation sur le même personnage. Elle est extraite des Mémoires d’une aristocrate de haute lignée, la comtesse de Boigne, née d’Osmond. La scène se passe durant le siège de Gibraltar (1779-1783), lors de la guerre d’Indépendance américaine :

Au siège de Gibraltar, où il [Artois] avait eu la fantaisie d’assister, il avait eu une attitude déplorable, au point que le général qui y commandait avait pris le parti de faire prévenir dans les batteries anglaises, et l’on ne tirait pas quand le prince visitait les travaux. On a dit que c’était à son insu, mais ces choses-là se savent toujours, quand on ne préfère pas les ignorer. Je sais qu’on en fit des reproches à monsieur de Maillebois ; il répondit : « Mais cela valait encore mieux que la grimace qu’il faisait le premier jour ».

Rappelons, en contraste, qu’au siège de Ratisbonne (avril 1809) Napoléon fut blessé au talon (droit ?) d’une balle de biscaïen. Bien que la blessure fût très douloureuse, une fois pansé, il se remit immédiatement en selle, et, suivi de tout son état-major, il s’élança au galop pour passer sur le front des troupes et rassurer les soldats.

Peu après, lors de la bataille d’Essling (21-22 mai 1809), Napoléon s’étant trop approché de la ligne de feu, un boulet vint frapper le cheval que montait.

Un cri, alors, un cri bien connu, jaillit de la troupe :

À bas les armes si l’Empereur ne se retire pas !

Avec Charles X, les soldats se seraient épargné d’avoir à pousser pareil cri :

le héros aurait déjà pris la poudre d’escampette.

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