Pourquoi aller en Russie ?

Avant d’aborder les raisons qui ont obligé Napoléon et son armée à intervenir en Russie, il convient de rappeler, pour ceux qui ne sont pas au courant, que ce sont les « Tories » qui ont manigancé les guerres en Occident, après avoir remporté celles en Orient qu’ils avaient également manigancées – les initiés comprendront le trophée de Tipû Sâhib en 1799…

Les « Tories » sont une oligarchie anglo-saxonne avec, à leur tête, le roi George III et son fils le prince régent futur George IV pour la période fin XVIIIe – début XIXe siècle, genre de communauté ou tribu qu’on n’a pas le droit de nommer dans les bouquins et placards de la napoléonie actuelle. Leur volonté était de dominer économiquement, par « tous » les moyens, les peuples d’Occident et d’Orient, serait-ce encore le cas de nos jours ? Pour cela, au début XIXe siècle, il fallait renverser ce parvenu de Napoléon qui gênait tant leur « business plan » – et pourquoi pas l’assassiner ? – ce qui, en langage tribal, veut dire :

Dans l’arène, c’est mort ou vif, et le vainqueur remporte le trophée d’Occident, la tunique rouge sang du perdant

Ils n’ont donc pas hésité à faire de lourds crédits à la « banque » pour financer les armées des souverains de l’Europe de l’Est comme celles du Tsar Alexandre, et étant maîtres des mers, ils ont mis en place un blocus maritime pour asphyxier l’économie française, puis ont tenté de débarquer sur les côtes de la mer Baltique, de la mer du Nord, de l’océan Atlantique, et de la mer Méditerranée semant des révoltes, sur la péninsule ibérique par exemple. Pas étonnant que Napoléon leur réponde par un blocus continental – mais fallait-il laisser faire leur jeu et se soumettre ? Nous nous permettons de faire ces rappels, car seul le Carré Impérial informe avec ce vocable tranchant et précis, si caractéristique des hommes de terrain…

Napoleon-George-Alexandre-Tsar

L’EUROPE EN 1812

En juin 1812, Napoléon réussit à avoir un certain sommet du blocus continental, et les Tories semblent tenir leur « petite barque » malgré l’isolement, l’énorme dette bancaire, et la « petite guerre » face aux États-Unis d’Amérique. Sur la carte, ça donne :

– L’Empire des Français à 134 départements. À son extrémité nord (zone mers du Nord et Baltique), la Hollande, l’ex duché d’Oldenbourg, et la ville de Hambourg ; à son extrémité sud (zone Méditerranée), la Catalogne et la ville de Barcelone, une partie de l’Italie et la ville de Rome, et l’intendance des provinces illyriennes et la ville de Raguse (Dubrovnik).

– Les états vassaux sont les royaumes d’Italie, de Naples, d’Espagne, et de Westphalie, les confédérations du Rhin et d’Helvétie, et le duché de Varsovie.

– Les alliés sont les royaumes du Danemark et de Prusse, et l’empire d’Autriche.

– Le royaume de Suède et l’empire ottoman sont, pour le moment, neutres.

Les ennemis sont le Royaume de Grande-Bretagne et sa base arrière du Portugal (zone Atlantique), le royaume de Sardaigne et le royaume de Sicile (zone Méditerranée), et l’empire de Russie (zone Est du continent européen).

Carte-Europe-1812-Russie-Napoleon

RAISONS DU CONFLIT RUSSE

1) Territoriales

– L’Empire des Français s’étend de plus en plus. Napoléon et ses alliés maîtrisent les côtes du continent européen

– En 1810, le duché d’Oldenbourg est annexé, il appartenait à Pierre d’Oldenbourg, lié à la famille du Tsar Alexandre.

– Les Polonais sont libérés du joug russe et font renaître le duché de Varsovie.

– Les Russes se retirent de la Moldavie et de la Valachie rendues au Ottomans.

2) Économiques

En 1810, le Tsar Alexandre taxe les importations en provenance de France, et ouvre ses ports, en mer Baltique, aux navires marchands anglais, ce qui est une infraction au traité de paix de Tilsit signé en juillet 1807.

3) Militaires

Le prince héritier de Suède, Bernadotte (ex maréchal de France), s’est accordé avec le Tsar de Russie, et lui aurait proposé une aide de 60 000 soldats. La Suède n’interviendra pas en 1812 (en 1813 et 1814, oui).

Dès 1811, des troupes russes manœuvrent aux frontières prussiennes et polonaises. En réponse, l’ambassadeur français, Caulaincourt, est rappelé de Saint-Pétersbourg, le corps d’armée du maréchal Davout part en observer cela, et aussi les côtes baltiques, sous l’argument de contrer un projet de débarquement anglais. Ce qui n’est pas si faux, car après avoir créé une base arrière et une guérilla dans la péninsule ibérique, les Tories seraient tentés de faire la même chose à la frontière russo-prussienne.

La Prusse devient une base arrière de Napoléon en cas d’offensive. Les villes de Koenigsberg, Danzig, Stettin, Breslau, Glogau, Kustrin, Berlin, et Magdebourg deviennent des places fortes concédées à la Grande Armée.

4) Mariage franco-russe avorté

Pour une raison d’alliance durable entre la France et la Russie, un mariage entre Napoléon et la soeur du Tsar Alexandre a été envisagé, mais le Tsar refusa. Par la suite, il semble que le mariage entre Napoléon et Marie-Louise, fille de l’empereur François d’Autriche, qui devait consolider les relations franco-autrichiennes, ait irrité le Tsar Alexandre.

5) Crise économique ? Solutions alternatives

Le blocus maritime des Tories, puis la faillite, en 1810, de certaines banques « germanophones », comme par exemple celle de Lubeck au duché d’Oldenbourg qui spéculait sur les marchandises coloniales – était-ce un hasard ? – ont causé quelques crises économiques sur les secteurs du textile (coton), du bois (exotiques), du bâtiment ou du sucre, ce qui a engendré des pertes d’emploi.

Cependant, la misère apparaît dans les zones urbaines, pas dans les zones rurales où la nature offre toujours…, le secteur militaire pouvait se relancer avec de nouvelles recrues pour la défense du territoire, les betteraves et le miel pouvaient remplacer le sucre de canne, et le lin pouvait remplacer le coton. En 1810 et 1811, il y a eu quelques pénuries de blé à cause d’une mauvaise météo (se référer à l’article « le blé, mobile de la paix sociale »). Cependant, il y a les ressources méditerranéennes comme en Italie, et des alternatives comme le riz, fruits et légumes secs.

Le blocus continental de Napoléon a causé également des « crises » aux Tories, et pour continuer dans ce sens, il fallait que le Tsar Alexandre respecte le traité de Tilsit de 1807, ce qu’il n’a pas fait…

1 Comment

  1. Mariakel 13/09/2016 at

    J’apprécie cet article qui diffère grandement des bêtises que l’on voit ou lit souvent sur cette campagne.

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