Quelle honte qu’un si grand homme soit entre les mains d’une pareille bande de minables ! (Sic)
On voit et entend, l’air faussement gêné, l’éminent directeur de la Fondation Napoléon, recommander aux familles « d’éloigner de cet écran tous les enfants de moins de 18 ans [!], car nous allons parler non seulement des amours de Napoléon, mais nous allons aussi parler de sa première fois… »
Cette première fois « où il a connu l’amour physique ». « On sait où cela s’est passé, avec qui, presque l’heure. »
Que représente pour notre ami cette première rencontre ?
« Une date importante de l’histoire napoléonienne », et il conclut ainsi :
« Nous pouvons bien imaginer que, ce jour-là, le lieutenant Bonaparte a probablement passé une très bonne soirée ».
Ha, ha, ha « kolossale » finesse ! On serait (presque) gêné pour lui, tant c’est lourd, minable, et grotesque.
Au fait, de qui, ce cri du cœur ?
De ma femme après que je lui eus fait regarder et écouter la dernière trouvaille médiatique du directeur de la Fondation Napoléon pour attirer le chaland, une vidéo ainsi titrée : « La Première fois de Napoléon ».
Je précise que ma femme est… anglaise et fille d’un officier supérieur de la Royal Artillery (1).
Autre précision utile : il ne saurait y avoir de mauvaise interprétation de ma part, elle parle un français parfait. Elle admire Napoléon, et cela bien avant que j’aie fait sa connaissance.
Je n’ai évidemment rien à rajouter à son jugement que je partage entièrement.
Il n’y a pas à dire : les 260 millions du legs Lapeyre sont bien employés !
NAPOLÉON EN VEDETTE DU « SEXE SOUS L’EMPIRE » ?
Sans revenir sur cette lamentable affaire, évoquée ailleurs sur ce site par Loïck, force est de constater qu’à la Fondation ce qu’un chroniqueur affûté du « Carré » a appelé dans un précédent article les « histoires de … » semblent très en faveur.
Nous allons d’ailleurs être prochainement comblés : on nous annonce pour le mois d’octobre 2019 la parution du titre « Le Sexe sous l’Empire » de Jacques-Olivier Boudon. Espérons que Napoléon, avec son anatomie intime déficiente (dixit Jean Tulard) et ses pulsions de violeur (Lire : « Sacré Secret sur Napoléon »), sera largement présent dans ces pages.
Dans leurs livres, ces gens font hypocritement semblant de donner de lui une bonne image, mais l’impact est limité. En effet, bien qu’ils publient beaucoup ‑ et à un rythme qui « pose question » ‑ les ventes sont faibles (source : l’un de mes ex-éditeurs) d’où l’intérêt vital de « débiner » les concurrents auprès des éditeurs pour mieux les bloquer.
Heureusement, les « à-valoir » (2) généreux ‑ proportionnels à la médiatisation de l’auteur, d’où l’intérêt de se montrer le plus souvent possible sur les petits écrans ‑ sont là pour suppléer la modestie des ventes.
Il y a donc, si j’ose écrire, peu de risques pour que ces accumulations de lignes touchent beaucoup de monde.
LES GRANDS MÉDIAS : « C’EST DU LOURD »
En revanche, avec les grands médias, ils disposent de plusieurs outils de destruction massive : radio et surtout télévision (leurs armes de prédilection), dont ils usent et abusent effrontément.
Alors qu’un livre ne touche que quelques milliers de lecteurs (au mieux) : en effet, acheter un ouvrage sur Napoléon suppose une démarche volontaire dictée par l’intérêt qu’on lui porte, les médias télévisuels, eux, ouvrent les portes de millions de foyers.
C’est ce qui fait la force ‑ et le danger ‑ de médias de masse.
Et ça, « c’est du lourd ».
Hypnotisés par leur écran, les téléspectateurs sont prêts à gober tout et n’importe quoi. Passivement, et sans aucun esprit critique. Ces téléspectateurs sont la « cible reine », car dans leur grande majorité, ils ne connaissent rien, ou peu s’en faut, de Napoléon. Et les invités étant présentés comme des sommités dans leur domaine (Fondation Napoléon, cela fait sérieux !), la tâche devient « du gâteau ». Et ils n’iront pas chercher plus loin. Ces « messieurs » ont parlé !
Et quelle audience !
Là, on peut s’en donner à cœur joie.
Ces messieurs se croyant autorisés, au nom de l’histoire ‑ qui a bon dos ‑ à rabaisser avec une constance qui force le respect (ou le dégoût) le personnage le plus illustre de notre pays, propos répugnants et insinuations crapoteuses plus ou moins voilées pétillent alors de belle façon, et si ces historiens labellisés font venir des connaissances, c’est qu’ils sont assurés qu’elles vont, elles aussi, y aller de leurs piques obscènes.
Celle-ci, par exemple, reste un modèle du genre :
« Napoléon n’était pas franchement admirablement équipé génitalement parlant », une « atrophie sexuelle », qui lui faisait « courir la gueuse sans arrêt ».
On peut la déguster dans un « Secret d’histoire ».
À propos de cette émission « phare », de nombreux visiteurs du « Carré » s’irritent de ces nombreuses rediffusions. Elles sont aisément explicables : ce sont celles dans lesquelles Napoléon est le plus maltraité et rabaissé. Il importait donc qu’elles fussent présentées une nouvelle fois au public. Le moment est en effet bien choisi : le 15 août étant proche, il fallait saisir l’occasion. (date anniversaire de l’Empereur, 2019 étant les 250 ans de sa naissance)
C’est leur manière ordinaire de lui chanter : « Happy birthday to youuuuu ! »
Il ne faut pas leur en vouloir. Ils sont comme ça. Primesautiers.
LÂCHETÉ
Le « Maître » Jean Tulard, bien sûr, n’est pas en reste, comme en témoignent les deux jolies pépites suivantes, déjà exposées d’ailleurs sur le site du « Carré » :
« Il est peu membré, si l’on en croit son autopsie à Sainte-Hélène. »
Un vrai coup de « pied de l’âne », bien placé pour humilier le personnage qu’il décrit.
Et cette autre :
« Mme Duchâtel [l’une de ses passades] nous éclaire davantage sur ses performances. Elle aurait éclaté de rire après avoir couché avec Napoléon : “Et l’Impératrice qui dit que vous n’êtes bon à rien, que c’est comme de la pisse”. »
C’est, pardonnez-moi le mot, franchement dégueulasse.
D’ordinaire, par déférence envers la mémoire de Napoléon, je me refuse à retranscrire en toutes lettres ce genre de propos orduriers, mais, à y bien réfléchir, ce sont leurs auteurs qui s’avilissent eux-mêmes. Aussi, pour une fois, me fais-je un devoir ‑ et un plaisir ‑ de les citer in extenso.
Une question : ces gens oseraient-ils souiller ainsi la mémoire du Général et de Mme de Gaulle ?
Ils ne s’y risqueraient pas, car je ne doute pas que la famille tout entière les attaquerait bille en tête et leur ferait rendre gorge.
Avec Napoléon, c’est malheureusement sans danger ; alors ils en profitent. Cela se nomme lâcheté.
OBJECTIF : RIDICULISER NAPOLÉON
On peut s’interroger sur l’utilité (sic) de cette vidéo.
Personnellement, je pense qu’elle s’inscrit dans une démarche, entreprise de longue date que nous dénonçons régulièrement sur ce site, de rabaisser Napoléon, de le ridiculiser, comme le démontrent les quelques exemples mentionnés plus haut. En effet, quel homme devine-t-on ?
Un pauvre diable, un laissé pour compte, incapable de se trouver une fille « normale », et contraint, pour s’initier au plus troublant des plaisirs terrestres, d’avoir recours aux bons soins d’une malheureuse prostituant son corps pour subsister. Triste et moche, mais parfait pour la stratégie.
UN SENTIMENT DÉRANGEANT
Dans une chronique récente, « Le métier d’historien, la vérité ou la légende ? » publiée sur le site de la Fondation, Thierry Lentz écrit ceci à propos de ceux qui n’adhèrent pas à la version compressée du Mémorial de Sainte-Hélène :
« Que diront les mêmes lorsqu’en novembre prochain paraîtra le Journal de Sainte-Hélène du général Gourgaud, dans sa version intégrale inédite, manuscrit établi, présenté et annoté par notre ami Jacques Macé ? Cette édition absolument complète ne cachera rien de ce que le général a vu et entendu, à Longwood et ailleurs, y compris en rétablissant des passages dérangeants, voire scabreux, qui figurent tous sur le manuscrit [souligné dans le texte]. Une nouvelle occasion de ronchonner, sans doute, et, pour notre part, une nouvelle façon de démontrer que le métier d’historien n’est pas celui de journaliste. »
À cette lecture, on éprouve le sentiment étrange et dérangeant que ces gens jubilent à l’idée de débusquer et de voir publier textes, Mémoires et autres souvenirs, susceptibles de donner une mauvaise image de celui qui les nourrit.
Ils n’ont même pas ce que l’on nomme en langage trivial la « reconnaissance du ventre ».
Mais qu’a donc fait Napoléon pour mériter un tel traitement ?
(1) Pas un soldat de salon : Bataille de Normandie 1944 (il était alors l’un des plus jeunes capitaines de l’armée britannique), « sécurisation » de la base de lancement de V2 de Peenemünde, lutte anticommuniste en Malaisie, et, in fine, OTAN et SHAPE à Bruxelles. À l’instar de tous les Anglais, il éprouvait évidemment quelque réticence envers Napoléon, mais, comme tous les gens intelligents et éduqués, il reconnaissait son génie de soldat et de souverain.
(2) Contrairement à « l’avance » qui doit être remboursée, au moins partiellement, en cas de mévente de l’ouvrage, l’à-valoir reste acquis à l’auteur quel que soit le sort que le public réserve à son travail. Idéal pour ceux qui publient beaucoup mais vendent peu !