Vizir, le cheval immortel

En mai 2016, le général Christian Baptiste, directeur du musée de l’Armée aux Invalides à Paris, avait demandé au public une participation financière pour « sauver » Vizir, un cheval naturalisé ayant à la cuisse gauche le « N » couronné, marque des écuries impériales.

En effet, Vizir est une des attractions exceptionnelles du musée de l’Armée, c’est le seul cheval de Napoléon ayant été conservé, mais il souffrait, depuis quelques années, de fissures, déchirures et décoloration. En un mois, 270 généreux donateurs, dont le Carré Impérial, ont pu réunir 20 534 euros permettant la restauration par des spécialistes en taxidermie.

Selim-Napoleon-Vizir

Le 22 juillet 2016, Vizir est enfin restauré et prend place dans une nouvelle vitrine spécialement conçue contre toute dégradation du temps.

En 1802, le Premier Consul Napoléon Bonaparte reçut de la part du sultan ottoman Selim III un cadeau diplomatique : un étalon arabe, de robe fleur de pêcher presque blanche, appelé « Vizir ». Selon la légende, au moment de s’en séparer, le sultan se serait adressé au pur-sang en ces termes :

Va, mon cher Vizir. Va pour Mahomet, va pour ton sultan, va et deviens le plus illustre cheval de Napoléon.

LA STAR DES BATAILLES

Vizir fut un peu comme le Bucéphale d’Alexandre le Grand, un cheval qui semblait porter chance au souverain de l’Empire des Français.

Le 14 octobre 1806, avant la bataille d’Ièna, c’est avec Vizir que Napoléon passa la revue des troupes. Le 8 février 1807, à la bataille d’Eylau, c’est avec lui aussi que Napoléon ordonna au maréchal Murat de sonner la grande charge de cavalerie. Vizir est représenté par les plus célèbres peintres de l’époque.

En 1802, il sert de modèle au baron Gros pour le portrait équestre du Premier Consul intitulé « Bonaparte distribuant des sabres d’honneur aux grenadiers de la Garde consulaire après la bataille de Marengo » (visible au château de Malmaison), puis à Hippolyte Bellangé pour le « Napoléon et son état-major », à Carle Vernet pour « la bataille de Rivoli », à Charles Thévenin pour « la bataille d’Iéna ».

À la demande de la manufacture de Sèvres, Vizir est l’un des dix chevaux « du rang de Sa Majesté » qui ont l’honneur d’être peints en 1813 par Horace Vernet.

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INCROYABLE DESTINÉE

Devenu âgé, Vizir n’est pas emmené pour les campagnes de Russie, de Saxe et de France, mais accompagne Napoléon sur l’île d’Elbe en 1814. Après la seconde abdication de 1815, il semble avoir été recueilli par la famille de Chanlaire.

Il meurt le 30 juillet 1826, et se fait naturaliser. Mais après avoir publié un début de biographie, M. de Chanlaire reçoit des pressions – de Charles X ou même de George IV ? – et se trouve dans l’obligation de cacher Vizir avec l’aide d’un anglais, M. William Clark, habitant dans le Boulonnais.

De nouvelles pressions reviennent vers 1840, après une tentative de coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, et Vizir est remis à M. Greaves qui le transfère en Angleterre, à Manchester, au musée d’histoire naturelle.

En 1868, ce musée l’offrit à la France de Napoléon III avec l’approbation de la reine Victoria.

Resté dans les greniers du Louvre jusqu’en 1904, Vizir est enfin exposé au public, l’année suivante, au musée de l’Armée aux Invalides, si proche de son maître…

Vizir-Napoleon-Cheval

OÙ LE TROUVER ?

SOURCES : musée de l’Armée, Invalides

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