Napoléon en prison

Après avoir contribué à l’expulsion de la flotte anglaise de la rade de Toulon, fin 1793, le capitaine d’artillerie Bonaparte fut élevé au grade de général de brigade par Antoine-Christophe Saliceti, élu à la Convention et corse comme lui.

Dès janvier 1794, le général Bonaparte eut pour mission d’assurer la défense des côtes des Bouches-du-Rhône jusqu’à Menton. En Italie, l’Autriche chercha à forcer la neutralité de la République de Gênes en voulant intercepter le commerce de la France au port de Savone.

Le 3 avril, la campagne de Piémont face à l’armée autrichienne commença, et Bonaparte eut le commandement de l’artillerie de l’armée d’Italie.

Fin mai, les commissaires de la Convention Augustin Robespierre, Jean-François Ricord, et François Laporte signèrent le plan de Bonaparte pour la seconde opération préparatoire.

Le 27 juillet, après une violente polémique, Maximilien Robespierre, membre du Comité de salut public, fut arrêté et guillotiné le lendemain tout comme son frère Augustin.

TRAHISON DE SALICETI

Quelques jours après la mort des frères Robespierre, Saliceti voulut probablement se mettre à l’abri de toute accusation, et écrivit au Comité de Salut Public pour dénoncer Bonaparte de « robespierrisme » :

« Bonaparte était leur homme, leur faiseur de plan auquel il nous fallait obéir… »

Dans la même lettre, il le soupçonna même d’avoir été corrompu par les Autrichiens lors d’une mission à Gênes.

NAPOLÉON ARRÊTÉ

Le 6 août, Saliceti prit un arrêté pour suspendre Bonaparte de ses fonctions, et le mettre en état d’arrestation.

Le 9 août, le général Pierre Dumerbion, commandant l’armée d’Italie, ordonna au commandant de gendarmerie Vervein d’emprisonner Bonaparte au fort-Carré d’Antibes.

Le 15 août, Bonaparte y fêta ses 25 ans.

Par chance, il ne fut pas transféré à Paris, où il aurait certainement subi le même sort que les frères Robespierre.

TENTATIVE D’ÉVASION

Le lieutenant de cavalerie Andoche Junot, aide de camp de Bonaparte, lui proposa une évasion. Bonaparte refusa, expliquant qu’il fallait se montrer patient, et que son innocence l’emporterait sur la calomnie.

NAPOLÉON LIBÉRÉ

Le 20 aout, l’enquête ne révélera rien contre Bonaparte, et Saliceti prit un arrêté de remise en liberté. Bonaparte reprit ses fonctions dans l’armée d’Italie, et contribua, le 21 septembre, à la victoire du combat de Dego. À l’issue, l’armée autrichienne se retira, et ne présenta plus de danger pour le port de Savone.

LE PARDON

Dans une lettre datée du 18 juin 1795, près d’un an après son arrestation, Bonaparte avoua à Saliceti qu’il aurait pu se venger, mais qu’il ne l’a pas fait. Il lui conseilla de se repentir, et de chercher en paix un asile afin de revenir avec de meilleurs sentiments pour la patrie.

EXTRAITS ORIGINAUX

Ordre d’arrestation, avec cachet de cire de général d’armée, signé par le général Pierre Dumerbion, adressé au commandant de gendarmerie Vervein à Nice, 22 thermidor an II (9 août 1794) :

« Au nom de la République française une et indivisible, il est ordonné au commandant de la gendarmerie de se transporter sans délai avec un détachement de ce corps, composé d’un officier et dix hommes, au logement du général de brigade Buonaparte, où il le mettra en état d’arrestation, mettra le scellé sur ses papiers et se conformera avec la plus scrupuleuse exactitude à ce qui est ordonné par les représentants du peuple, près cette armée et celle des Alpes, relativement à lui dans leur arrêt du 19 thermidor courant et dont copie collationnée lui a été remise. Aussitôt son arrestation, il en rendra compte aux susdits représentants et au général en chef… »

Ordre de libération signé par le général Pierre Dumerbion, adressé au commandant de gendarmerie Vervein à Nice, 3 fructidor an II (20 août 1794) :

« … Je t’envoie ci-joint, citoyen, copie par ampliation d’un arrêté des représentants du peuple de ce jour, relatif au général Buonaparte. Tu voudras bien le mettre à exécution en le lui signifiant sur le champ. Salut et fraternité… »

Apostille autographe signée Buonaparte :

« reçu du commandant de la gendarmerie un arrêté des représentant du peuple me concernant… »

95 000 EUROS

Le dimanche 21 septembre 2014, lors d’une vente aux enchères à Rueil-Malmaison, les ordres d’arrestation et de libération du général Napoléon Bonaparte ont été adjugés pour 95 000 euros à un collectionneur voulant garder l’anonymat.


Sources : correspondances de Napoléon le Grand ; ventes aux enchères Osenat

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